2 janvier
Pendant les vacances, un titre et un article du National Post s’interrogeaient sur l’avenir de la GRC. En tant que syndicat représentant près de 20 000 membres de la GRC et ayant une connaissance approfondie de la question, nous avons répondu ci-dessous. Il est temps de remettre les pendules à l’heure en ce qui concerne l’image désuète et inexacte de la GRC perpétuée par les médias et les critiques qui n’ont jamais porté l’uniforme ni risqué leur vie pour les autres. Parlons des réalisations positives de la GRC et de ses membres qui ne semblent jamais faire l’objet d’une attention particulière de la part des médias.
Nos membres sont à l’avant-garde de nombreux projets et programmes novateurs reconnus dans le monde entier.
Comme l’a noté le Conseil consultatif de gestion civile, la Division Dépôt est un centre de formation de classe mondiale et de renommée internationale. Il offre un espace d’apprentissage accueillant avec des instructeurs hautement qualifiés pour aider tous les cadets à aborder les questions émergentes de notre monde et de notre pays en pleine mutation.
Malgré l’opinion des détracteurs, la GRC a transformé en un coin de recrutement post-COVID. La Division Dépôt a retrouvé sa pleine capacité et l’intérêt pour la GRC est élevé, comme en témoignent les milliers de Canadiens intéressés qui posent leur candidature et les centaines de policiers expérimentés qui passeront à la GRC au cours de la seule année 2023.
Bien que l’exigence minimale de la GRC pour les candidats soit un diplôme d’études secondaires, l’âge moyen d’un cadet en 2023 était de 29 ans et la plupart des candidats apportent une éducation post-secondaire, une carrière antérieure et une expérience de vie dans un éventail de domaines et de cultures. Après avoir réussi à la Division Dépôt, nos membres suivent deux années de mentorat probatoire (plus de 4 000 heures) et de nombreuses heures de formation continue et obligatoire pour acquérir les compétences uniques requises pour les services de police et les services spécialisés. À titre de comparaison, Air Canada demande aux pilotes d’avoir 2 000 heures de vol. Pour les passagers aériens comme pour les personnes qui comptent sur la police en cas de crise, l’expérience et le temps passé dans la fonction comptent plus que les diplômes ou les certificats.
Dans de nombreuses provinces, les cadets recrutés localement retournent dans leur province d’origine pour leur mentorat de deux ans après l’obtention de leur diplôme. De nombreux autres nouveaux diplômés et membres en service choisissent de profiter des possibilités de servir dans d’autres régions du Canada avant de ramener leurs compétences spécialisées dans leur pays d’origine.
Cette diversité d’expériences apporte de nouvelles perspectives, diverses approches et les meilleures pratiques qui aident les communautés à faire face à l’évolution des défis et des opportunités en matière de maintien de l’ordre et de sécurité publique. Elle permet également de mettre en place un service de police basé sur l’apprentissage, avec des membres qui ont vu et vécu des points de vue, des perspectives et des expériences différents.
La GRC a été à l’avant-garde du développement et de la mise en œuvre du modèle d’intervention pour la gestion des incidents, qui met l’accent sur la communication et la désescalade lorsque les policiers répondent à des appels. Ce modèle, ou des variantes similaires, est maintenant utilisé par tous les services de police au Canada pour créer un langage cohérent concernant le recours à la force par la police – et il s’est avéré extrêmement efficace, étant donné que moins d’un dixième de un pour cent des interactions de la GRC (0,1 %) donnent lieu à un recours à la force.
Un autre exemple d’apprentissage et d’innovation est la réponse révolutionnaire de la GRC à la crise des opioïdes. Les membres de la GRC en Colombie-Britannique ont été les premiers à être formés à la distribution et au transport de la naloxone, suite à un besoin identifié par plusieurs membres à Surrey. Cette pratique a sauvé d’innombrables vies, a été étendue à l’échelle nationale en 2016, et est maintenant une pratique standard à travers le Canada et parmi tous les services de police.
En outre, la GRC est le leader mondial et la référence en matière de formation des équipes d’intervention d’urgence et des services cynophiles.
Chaque jour, les policiers sont confrontés au vitriol et au sensationnalisme du public, des médias et des critiques de salon, mais ils continuent à se présenter, tout en sachant que cela peut se faire au détriment de leur propre vie. Il n’est pas surprenant que, dans un marché de l’emploi tendu, ceux qui envisagent une carrière au service des autres cherchent d’autres voies professionnelles. Il faut une personne particulièrement engagée et courageuse pour être policier dans l’environnement actuel et nous devrions tous leur en être reconnaissants.
En ce qui concerne la police fédérale, la dure vérité est que de nombreux gouvernements fédéraux successifs ont choisi de sous-financer et d’ignorer de façon chronique ce domaine et de nombreux autres domaines de la GRC. En d’autres termes, il est impossible d’embaucher si l’on ne dispose pas du budget nécessaire pour payer les nouveaux agents.
Le Canada bénéficie d’un service de police unique qui fournit des services de police locaux, provinciaux, fédéraux, internationaux et spécialisés. La GRC collabore, communique et partage les technologies et les informations, ce qui constitue un avantage considérable que l’on ne retrouve pas souvent dans les pays où les services de police sont indépendants et protègent leur territoire, voire se concurrencent les uns les autres. Notre modèle a été validé par des structures uniques similaires en Écosse, en Finlande et au Danemark.
La taille, la portée et la capacité des membres de la GRC à fournir une “capacité de pointe” rapide aux Canadiens dans les communautés les plus petites comme les plus grandes en cas de catastrophes telles que les incendies de forêt, les inondations, les glissements de terrain et d’autres événements majeurs en matière de sécurité publique sont uniques et essentielles, et trop souvent négligées et sous-évaluées. Le déploiement de centaines de membres de la GRC régulièrement formés, comme nous l’avons vu à l’intérieur de la Colombie-Britannique, à Yellowknife, à Ottawa et dans les provinces de l’Atlantique, ne pourrait tout simplement pas être reproduit par des services de police locaux indépendants.
J’étais présent lorsque les commissaires de la CMC ont présenté leur rapport. Ils ont déclaré sans équivoque que personne ni aucune organisation n’aurait pu prédire cet événement tragique et que les premiers intervenants ont agi de manière appropriée et courageuse dans un environnement extrêmement dangereux. Il s’agit là de l’une des conclusions les plus importantes de ce rapport de plus de trois mille pages, mais qui n’a pas été soulignée par les médias. Nos membres ont fait preuve d’un véritable héroïsme dans un maelström tragique et sans précédent de violence et d’intensité évolutive, et cela ne doit jamais être oublié.
En cette période de fêtes, alors que beaucoup d’entre nous se reposent et passent du temps avec leurs proches, nos membres sont loin de leurs familles et travaillent à la protection de nos communautés, petites et grandes, pour faire de notre monde un endroit meilleur et plus sûr. Ils méritent nos remerciements et notre respect aujourd’hui et chaque jour. Nous leur souhaitons à tous une année 2024 sûre et heureuse.
Brian Sauvé
Président et directeur général de la Fédération nationale de la police