L’article suivant a été rédigé par Brian Sauvé, président et directeur général de la Fédération nationale de la police, et publié dans le Hill Times le 7 août 2024.
La récente tentative d’assassinat d’un candidat à la présidence des États-Unis et les arrestations qui ont eu lieu au Canada ont mis en lumière les risques auxquels sont exposés nos députés et nos sénateurs. Il est plus que jamais nécessaire de renforcer les services de protection des élus, tant sur la colline du Parlement que dans leurs circonscriptions.
Les signalements de menaces et de harcèlement à l’encontre des parlementaires ont bondi. En 2019, le sergent d’armes du Parlement avait huit dossiers ouverts concernant des menaces contre des parlementaires ; l’année dernière, il y en avait 530. Des députés ont annoncé qu’ils démissionnaient en raison du harcèlement, du vandalisme de leurs bureaux de circonscription et d’un sentiment d’insécurité omniprésent au travail. Récemment, plusieurs menaces ont été proférées à l’encontre du Premier ministre. Cette situation souligne le besoin urgent d’un cadre de sécurité plus solide sur la Colline du Parlement.
Actuellement, le Service de protection du Parlement (SPP) assure la sécurité physique de la Colline du Parlement, mais n’est pas habilité à faire respecter la loi, car ses membres n’ont pas le statut d’agent de la paix. Cette limitation nécessite l’intervention fréquente des services de police locaux, les détournant ainsi de leurs tâches principales de maintien de l’ordre. Les manifestations du Convoi 2022 ont mis en évidence les défis posés par la fragmentation des compétences et les lacunes en matière de renseignement, qui ont conduit à une réponse inadéquate en matière de sécurité publique.
La GRC est particulièrement bien placée pour relever ces défis. En tant que service de police le plus important et le mieux équipé du Canada, la GRC assure déjà la protection rapprochée de hauts fonctionnaires, notamment du Premier ministre et des ministres. Le gouvernement fédéral a autorisé le stationnement de plus de 150 agents de la GRC à Ottawa d’ici septembre 2024 pour renforcer la sécurité des personnalités et la protection de la Colline du Parlement. Ces agents seraient encore plus efficaces si la GRC redevenait la police compétente pour la Cité parlementaire.
Le rétablissement de la GRC dans ce rôle permettrait de rationaliser l’échange de renseignements et la coordination opérationnelle, ce qui renforcerait la sécurité globale. Le mandat national de la GRC et son vaste réseau avec d’autres services de police lui permettent de coordonner efficacement les réponses aux menaces, assurant ainsi un déploiement plus homogène et plus rapide des ressources. En outre, l’expérience et la formation de la GRC font que ses membres sont parfaitement aptes à répondre aux besoins uniques de la Colline du Parlement en matière de sécurité.
La Commission d’urgence pour l’ordre public a critiqué l’incapacité du cadre de sécurité existant à déployer rapidement des ressources policières adéquates pendant les manifestations du Convoi. Cet échec souligne la nécessité d’affecter des membres de la GRC à la gestion de la sécurité sur la Colline du Parlement. Un détachement de la GRC, composé de 200 à 300 agents, protégerait l’enceinte parlementaire, assurerait la sécurité du public et renforcerait le cœur symbolique et physique du Canada.
En outre, la capacité de la GRC à opérer indépendamment des autres services de police allégerait le fardeau des services de police locaux, leur permettant de se concentrer sur leurs responsabilités premières. Par exemple, la manifestation du Convoi a coûté à la ville d’Ottawa plus de 55 millions de dollars, que le gouvernement fédéral a remboursés. Le budget fédéral de 2024 a alloué 50 millions de dollars supplémentaires pour renforcer la sécurité autour de la Colline du Parlement. Le gouvernement de l’Ontario a également fourni une partie des 48 millions de dollars alloués pour soutenir la ville d’Ottawa dans le cadre de manifestations nationales, d’événements et de la sécurité publique. Le Bureau fédéral de l’économie interne a estimé que le PPS coûterait 104,5 millions de dollars, la protection supplémentaire de la GRC pour les parlementaires coûtant 3,4 millions de dollars et la sécurité hors site coûtant 7,7 millions de dollars, soit un total de plus de 115 millions de dollars pour 2024/25. Cela ne représente qu’une partie du coût important d’un modèle de police fragmenté pour la Colline du Parlement. Si la GRC se voyait confier les responsabilités de protection de la Cité parlementaire, les communications interagences s’amélioreraient et les redondances seraient réduites, ce qui permettrait de réaliser des économies en termes de ressources et de coûts tout en garantissant une sécurité optimale.
La GRC a vu le nombre de demandes augmenter, avec plus de 17 500 pour la seule année 2023/24, ce qui indique qu’elle est prête à étendre ses compétences et ses responsabilités. Cette croissance, associée à l’infrastructure et à l’expérience existantes de la GRC, fait d’elle l’organisme le plus apte à assumer la responsabilité de la Colline du Parlement.
Le rétablissement de la GRC en tant que police compétente pour la Colline du Parlement enverrait un message fort selon lequel le Canada s’engage à prendre les menaces politiques au sérieux. Cela permettrait aux députés, aux sénateurs et à tous les Canadiens de travailler et de vivre sans craindre pour leur sécurité. Le moment est venu de donner la priorité à la sécurité des dirigeants de notre pays en confiant cette responsabilité essentielle à la GRC, le service de police le plus expérimenté et le plus compétent du Canada.