Dans le paysage pittoresque de la Nouvelle-Écosse, le parcours du caporal Hubert « Hue » Martin a été empreint de passion, de persévérance et de liens étroits avec ses compagnons canins et la communauté.

Rico le chien de police à la plage, à seulement cinq minutes de la maison de Hue, à la fin d’un quart de travail occupé.
De Dieppe, à la Division Dépôt, à Yarmouth en Nouvelle-Écosse
L’aventure de Hue a commencé à Dieppe, au Nouveau-Brunswick, où son rêve d’enfance de devenir un agent de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) s’est concrétisé. Après avoir posé sa candidature à la GRC pour la première fois en 1999 alors qu’il étudiait à l’Université Lakehead, à Thunder Bay, il est retourné à Moncton et a travaillé à Ambulance Nouveau-Brunswick, où il répondait aux appels au 911 pour les Services d’urgences de santé. C’est là, en 2002, qu’il a reçu la nouvelle qu’il avait été sélectionné pour aller à l’École de la GRC, Division Dépôt. Grâce à son travail remarquable et son dévouement, il s’est officiellement joint au service à l’âge de 26 ans.
« J’ai toujours voulu être un agent de la GRC », se remémore-t-il en réfléchissant à ses aspirations d’enfance.
Ainsi, Yarmouth, en Nouvelle-Écosse, est devenu son premier chez-soi à la GRC. C’est à ce moment qu’il a découvert sa passion pour un rôle unique et très spécialisé, soit celui de maître-chien de police. Dès le début, Hue savait qu’il voulait travailler aux côtés de ces incroyables animaux. Il a relevé avec enthousiasme le défi d’élever et de dresser des chiots.
Le parcours pour devenir maître-chien de police : former la nouvelle génération
Il n’y a pas de parcours facile ou rapide pour devenir maître-chien de police. Il faut habituellement entre cinq à sept ans du début à la fin, ce qui nécessite du dévouement, de la patience et un véritable amour pour le travail avec les animaux. Ainsi, le parcours commence lorsqu’un membre manifeste sa curiosité en se joignant aux maîtres-chiens locaux pendant les journées de dressage, où ils servent de « proies ». En tant que proies, les membres créent des pistes et se font mordre (en portant bien sûr de l’équipement de protection), permettant ainsi aux chiens de police d’être exposés à différentes situations. Ces dernières peuvent comprendre de se cacher dans de grands bâtiments ou même à l’arrière d’un autobus pour s’assurer que les chiens sont dressés dans divers environnements.
Une fois qu’un membre a démontré ses connaissances concernant les chiens de police, il passe à l’étape suivante, soit le cours d’élevage de chiots au Centre de dressage de chiens de police d’Innisfail, en Alberta. Ce cours d’une semaine enseigne aux membres la façon de dresser des chiots de huit semaines, et d’interagir avec eux, en jetant les bases de leur futur travail policier. Après avoir terminé ce cours, les membres reçoivent un chiot à élever et, à ce stade, ils deviennent des « responsables de l’imprégnation ».
En général, un responsable d’imprégnation élève un chiot jusqu’à ce qu’il ait environ 12 mois. Pendant cette période, ce dernier est testé à diverses étapes pour s’assurer qu’il est compatible avec le travail policier. Une fois qu’il a environ un an, le chiot est renvoyé au service de formation préalable du Centre de dressage de chiens de police, où il poursuit son dressage. Enfin, si le chien répond toujours aux critères rigoureux lorsqu’il a entre 18 et 24 mois, il est prêt à commencer un dressage spécialisé de chien de police. Toutefois, le processus ne s’arrête pas ici pour le responsable de l’imprégnation. Après avoir renvoyé le chiot de 12 mois au Centre de dressage de chiens de police, il commence le processus avec un nouveau chiot de 8 semaines, poursuivant ainsi le cycle de développement essentiel à la formation de chiens bien dressés et de maîtres-chiens bien formés, et efficaces.
Avant de se voir confier un chien de police en particulier et de façon permanente, le membre doit travailler avec divers chiens en début de dressage, et ce à plusieurs reprises, avant de passer au Centre de dressage de chiens du service de police à Innisfail, en Alberta.
En tant que maître-chien, la première responsabilité de Hue a été l’affectation de son premier chiot, Asta. Il s’est dévoué à prendre soin d’Asta dès l’âge de huit semaines, et jusqu’à ce qu’elle soit prête à entrer en service à l’âge d’un an.
« C’est une grande responsabilité, explique-t-il. Nous les élevons comme des membres de la famille. »
Au cours des six à sept années suivantes, Hue a continué d’élever des chiens tout en servant comme membre des services généraux de la GRC, en conciliant les exigences de tâches quotidiennes de policier et ses fonctions de dressage avec Asta.
Sa passion et son engagement ont porté ses fruits. Hue se rappelle de la façon dont le lien qu’il a tissé avec Asta a contribué au succès de leur travail. Après que cette dernière a atteint l’âge de commencer son service, Hue et elle ont relevé divers défis, comme leur première affectation importante aux Jeux olympiques de 2010 à Vancouver, où Asta s’est spécialisée dans la détection des explosifs.
Épreuves et triomphes
Être maître-chien peut aussi comporter un ensemble unique de défis. Ainsi, même dans les conditions les plus difficiles, il faut persévérer. Il peut être difficile, physiquement et mentalement, de suivre un suspect dans les conditions météorologiques hivernales et le vaste milieu sauvage du Canada. Ce métier demande de passer beaucoup de temps loin des proches et collègues, souvent en solitaire avec son compagnon canin en terrains broussaillés par temps froid pour trouver la cible, qui pourrait être un enfant ou une personne âgée portée disparue, ou un suspect recherché.

Rico et Hue participant à la formation sur les opérations maritimes de l’équipe d’intervention d’urgence l’été dernier à Halifax.
Confronté à des échecs, comme une transition difficile avec un nouvelle chienne nommée Fana, Hue a appris de précieuses leçons.
« Il peut être plus long de dresser une chienne », explique-t-il en soulignant les subtilités du comportement des chiens, et de leur dressage.
Malgré les difficultés, la détermination de Hue n’a jamais faibli. En 2017, après le retour de Fana à l’installation de dressage des chiens de police, communément appelé « chenils », pour suivre un dressage supplémentaire, Hue s’est retrouvée sans chien de police et à la croisée des chemins. Il a repris les services généraux à Moncton avant de retourner à Yarmouth en 2018.
Malgré le fait que son parcours était mouvementé, ce dernier l’a finalement guidé vers le rôle qu’il chérissait le plus.
Retour à son premier amour
Après avoir siégé au Conseil d’administration de la Fédération de la police nationale, il a eu l’occasion de recommencer à dresser des chiens en 2022. Son enthousiasme était palpable alors qu’il réintégrait ce rôle important, à présent avec Rico, son nouveau partenaire.

Rico participant à la formation sur les opérations maritimes de l’équipe d’intervention d’urgence l’été dernier à Halifax.
« Le dressage des chiens m’a manqué », admet-il.
Rico, un chien énergique âgé de deux ans, a insufflé une énergie nouvelle à leur relation, mais le processus de dressage était exigeant.
Hue souligne l’importance d’établir un lien étroit avec Rico, mentionnant que la confiance est essentielle dans leur travail.
« Nous demandons aux chiens de police de faire des choses qui ne sont pas naturelles pour eux, explique-t-il. Ils doivent faire entièrement confiance à leurs maîtres. »
Une journée dans la vie
Une journée typique pour les partenaires Hue et Rico est tout sauf ordinaire. Chaque jour peut apporter un nouveau défi ou une nouvelle opération nécessitant de l’aide. Des recherches de stupéfiants au dressage, chaque moment est une occasion d’approfondir leurs liens et d’améliorer leurs compétences.
« On ne sait jamais ce que la journée nous apportera, se remémore-t-il. Hier, on nous a appelés pour une violation de domicile avec des suspects armés. »

Rico en Alberta pendant son dressage à l’automne 2023
Au cours de son dressage, Rico a vécu une expérience marquante. Il a accidentellement avalé ce qu’on croyait être un Kong, ce qui a entraîné une intervention chirurgicale nécessaire. Comme on peut se l’imaginer, Rico n’était pas tout à fait enchantée de la situation! En fait, il avait avalé une balle de caoutchouc qu’il avait dégonflée à force de la mâcher avant de complètement l’avaler. La balle a été utilisée comme récompense pendant son dressage pour détecter diverses odeurs de drogue au Centre de dressage de chiens de police. Malgré l’opération importante qu’il a subie, Rico s’en est rapidement remis. Il a recommencé à effectuer des recherches seulement sept jours plus tard et a repris son dressage complet après deux semaines. Après tout, les chiens restent des chiens, peu importe leur travail.

Pendant la convalescence de Rico; la première photo le montre alors qu’il était sous anesthésie et la deuxième le montre après son réveil avec des instructions strictes que personne ne pouvait interagir avec lui à l’exception du caporal Martin.
Malgré l’imprévisibilité, Hue et Rico prospèrent dans cet environnement. Son amour du plein air et son esprit d’aventure font du métier de maître-chien le travail parfait.
« La plupart des maîtres-chiens aiment les sensations fortes », dit-il en souriant et en se souvenant du plaisir de retrouver des personnes disparues ou d’appréhender des suspects.
Regard vers l’avenir
Alors que Hue se tourne vers l’avenir, il demeure déterminé à jouer son rôle au sein de la GRC et à travailler avec Rico. Comme il aspire à continuer d’évoluer en tant que maître-chien, il vise à intégrer davantage l’utilisation des chiens de police dans les situations tactiques, en soulignant leur rôle essentiel dans les situations à risque élevé.
« Les chiens deviennent de plus en plus essentiels dans divers scénarios », fait-il remarquer, en mettant l’accent sur l’importance du soutien et de la formation pour les maîtres-chiens, ainsi que du dressage pour leurs partenaires canins.

Rico pendant une mise en situation intégrée de la GRC et de l’équipe d’intervention d’urgence du service de police régional de Halifax.
Son expérience lui a démontré qu’un chien bien dressé est un atout inestimable pour l’application de la loi.
L’histoire de Hue nous inspire tous à poursuivre nos passions et à relever les défis auxquels nous sommes confrontés, ce qui prouve que parfois, les parcours les plus enrichissants sont ceux que nous faisons aux côtés de nos compagnons à quatre pattes.