« Le présent blogue hôte vous est offert par Derek Sienko, M.A. en psychologie militaire, B.T.S., travailleur social autorisé, aumônier, RTWDM (gestionnaire de retour au travail en situation de handicap) et chef de la direction du CVRP (collège des spécialistes en réadaptation professionnelle), Diversified Rehabilitation Group (PTSDRecovery.ca) , fournisseur de services approuvé qui travaille avec des membres de la Gendarmerie royale du Canada et d’autres services de premiers intervenants partout au pays. Nous le remercions de partager son expertise sur la question cruciale de la santé mentale des policiers. »
Le travail de policier exige la capacité de prendre des décisions en une fraction de seconde, d’affronter des situations à enjeux élevés et d’être exposé de façon répétée à la souffrance humaine et aux conflits. Tous ces facteurs de stress peuvent pousser l’esprit et le corps au-delà de ce que les psychologues appellent la « fenêtre de tolérance », c’est-à-dire la zone optimale d’excitation où l’on pense clairement, s’ancre dans la réalité et réagit efficacement.
Lorsque les policiers accomplissent leur travail à l’extérieur de cette fenêtre, soit en état d’hyperactivation (combat, fuite, panique, agressivité) ou d’hypoactivation (léthargie, repli, déconnexion), leur jugement peut être compromis, les situations peuvent s’aggraver et leur santé mentale à long terme peut se détériorer.
Comprendre et élargir sa fenêtre de tolérance est essentiel pour pratiquer un maintien de l’ordre sécuritaire et empreint de compassion tout en préservant son propre bien-être psychologique.
Qu’est-ce que la fenêtre de tolérance?
Le terme « fenêtre de tolérance » (vidéo en anglais) fait référence à la zone émotionnelle dans laquelle nous pouvons traiter l’information, gérer le stress et prendre des décisions efficaces. Les policiers qui restent dans cette zone sont calmes pendant des situations chaotiques et réagissent de manière réfléchie et non instinctive.
Pourquoi c’est important pour les policiers
- Réduit le risque de réagir de manière excessive ou de figer sur le terrain
- Améliore la prise de décision
- Aide au rétablissement après un traumatisme et à la régulation émotionnelle.
- Renforce la résilience et réduit l’épuisement professionnel.
- Améliore les relations tissées durant et après le service.
Outils pratiques pour rester dans la fenêtre
Voici des stratégies éprouvées sur le terrain que les policiers peuvent utiliser avant, pendant ou après une situation de stress élevé :
Techniques pour se recentrer sur soi
Utilisez vos sens pour vous ancrer dans le moment présent. Essayez la technique 5-4-3-2-1, suivant laquelle il faut identifier :
- 5 choses que vous voyez;
- 4 choses que vous ressentez;
- 3 choses que vous entendez;
- 2 choses que vous sentez;
- 1 chose que vous goûtez.
Questions à se poser avant et après le quart de travail
Prenez une minute pour vous poser les questions suivantes :
« Où est-ce que je me situe émotionnellement et physiquement, sur une échelle qui va de calme à stressé? »
Le fait de remarquer les signes avant-coureurs vous aidera à corriger le tir plus tôt.
Mouvement et recalibrage musculaire
Après des appels tendus, relâchez la tension accumulée en vous étirant, en marchant ou en contractant puis relaxant les principaux groupes musculaires.
Respiration en quatre phases (4-4-4-4)
Inspirez pendant 4 secondes, retenez votre souffle pendant 4 secondes, expirez pendant 4 secondes, puis retenez votre souffle encore pendant 4 secondes. À répéter entre trois et cinq fois. Cet exercice permet de réinitialiser le système nerveux.
Discussions avec des collègues et soutien
Créez un espace où vous pouvez discuter des appels et des réactions avec des collègues de confiance. En tenant régulièrement de telles conversations, vous renforcez votre sensibilité émotionnelle et votre résilience.
Dernières réflexions
Maîtriser sa fenêtre de tolérance ne consiste pas à être sans émotion, mais plutôt à être équipé sur le plan émotionnel. Grâce à la pratique, les policiers peuvent élargir leur fenêtre de tolérance et améliorer leur sécurité, la prise de décisions et leur bien-être durant et après le travail.